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Dr Sophie Converset
Chirurgie Esthétique

L'importance de l'anatomie pour optimiser la sécurité des injections

Par le Dr Sophie Converset

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"Une bonne maîtrise de l'anatomie est cruciale pour garantir la sécurité des injections, en permettant de prévenir les complications et d'assurer une injection efficace et sans danger."

Introduction

En Médecine Esthétique, l’Anatomie joue un rôle essentiel dans la sécurité des injections. Une connaissance précise des structures anatomiques du visage permet de minimiser les risques et d’optimiser les résultats. L’anatomie du visage se divise en deux grandes approches : l’Anatomie Descriptive (structures statiques) et l’Anatomie Dynamique (mouvements des muscles et expressions du visage). Une injection réussie doit prendre en compte ces deux aspects afin d’assurer un résultat naturel et éviter les complications. Comment la connaissance de l’anatomie descriptive et fonctionnelle permet-elle d’optimiser la sécurité et l’efficacité des injections en médecine esthétique ?

L’anatomie descriptive : comprendre la structure des tissus injectés

L’anatomie descriptive permet d’identifier les structures à protéger.

A) La peau et ses particularités selon les zones du visage

L’anatomie de la peau influence le choix du produit, la technique d’injection et le résultat final. Il faut considérer :

  • Épaisseur et composition cutanée (ex. paupières fines vs front épais).
  • Présence de glandes sébacées et sudoripares (zones grasses vs sèches).
  • Profondeur d’injection adaptée aux plans anatomiques.

Le choix du produit de comblement dépend du plan d’injection :

  • Épiderme : peu perméable → produit peu visqueux.
  • Derme : forte densité de matrice extracellulaire → faible viscosité et forte capacité d’étalement.
  • Régions superficielles : faible pression tissulaire → produit peu élastique pour éviter la sur-correction.

La peau des paupières est particulièrement délicate (épiderme 0,05-0,1 mm vs 1 mm ailleurs). Elle contient peu d’enzymes et de glandes, nécessitant un acide hyaluronique spécifique pour limiter les irrégularités et assurer un résultat naturel.

B) Le système musculo-aponévrotique superficiel (SMAS), les muscles peauciers du visage et leur rôle clé

Le système musculo-aponévrotique superficiel (SMAS) soutient les tissus, influence l’expression faciale et le vieillissement. Son anatomie guide la profondeur et la technique d’injection

  • Injection sous-SMAS : recommandée pour le comblement volumateur (nez, mâchoire, front).
  • Régions spécifiques : SOOF (Sub Orbicularis Oculi Fat) pour la pommette, SOOF labial pour le menton.
  • Choix du produit : un acide hyaluronique résistant à la pression musculaire est nécessaire.

Les muscles peauciers interagissent avec le SMAS et augmentent leur tonus avec l’âge. La toxine botulique permet de les relaxer et de rétablir l’équilibre entre muscles abaisseurs et élévateurs, traitant ainsi la cause (hypertonie) avant la conséquence (ptôse et fonte tissulaire).

C) Les structures vasculaires : zones à haut risque

Le trajet ainsi que la profondeur de l’artère faciale et ses branches est crucial à connaitre. L’artère faciale présente d’importantes variations anatomiques, tant au niveau de son trajet que de sa profondeur. Ces variations influencent directement le risque vasculaire des injections, notamment dans les zones critiques comme le sillon nasogénien, les lèvres et le nez.

a. Trajet « classique » de l’artère faciale

L’artère faciale nait de la carotide externe, en regard de l’angle mandibulaire, juste au-dessus de l’artère linguale. Elle descend d’abord sous la mâchoire, puis effectue une courbure ascendante pour croiser le bord inférieur de la mandibule. Ce croisement se fait généralement en moyenne 2 cm en avant du muscle masséter (la veine faciale est latérale par rapport à elle, à 1 cm en moyenne du muscle masséter). Elle suit un trajet oblique en haut et en avant, traverse la glande sous-maxillaire avant de croiser le rebord osseux mandibulaire. Il est donc dangereux d’injecter dans un plan profond pré-périosté, sur la ligne mandibulaire, en avant du muscle masséter. Puis, l’artère faciale se dirige vers la commissure labiale sous les muscles platysma puis sous le muscle Depressor Anguli Oris. L’artère faciale donne les artères labiales ou coronales supérieures et inférieures. La projection de ces artères au niveau des lèvres est sous-musculaire (derrière le muscle orbiculaire des lèvres), à la jonction lèvre sèche-lèvre humide de la lèvre rouge. Les injections doivent donc être sous-muqueuses strictes. La bifurcation est classiquement sous-musculaire, sous le modiolus, laissant une zone de sécurité de 1 cm autour de la commissure. Mais des variations ont été vues en dissection : l’artère faciale peut donner une branche superficielle, au-dessus du DAO, dans ce périmètre dit de « sécurité ». L’artère labiale supérieure donne des branches artérielles philtrales et columellaires. L’artère faciale remonte, ensuite, le long du sillon naso-génien. Jusqu’à l’angle narinaire, l’artère faciale est sous les muscles donc profonde. A partir de l’angle narinaire, elle va se superficialiser, cheminer le long de la pyramide nasale. Elle va donner des branches alaires supérieure et inférieure. Ces artères sont au niveau du SMAS narinaire, donc superficielle et dangereuses. L’artère faciale deviendra l’artère angulaire qui s’anastomosera avec l’artère supra-trochléaire, branche de l’artère ophtalmique.

Bien que son trajet classique (88% des cas) soit décrit comme ascendant et sinueux, plusieurs études ont démontré des variations fréquentes.

b. Les zones anatomiques à haut risque
  • La Glabelle et le front : Les artères responsables sont les artères supra-trochléaires droite et gauche. L’artère supra-trochléaire nait de l’artère ophtalmique, elle sort de l’orbite au niveau de son foramen. Son trajet est ascendant, il passe sous la tête du muscle corrugator, donc profond. Mais à 1 cm du rebord osseux supérieur, l’artère supra-trochléaire se superficialise, chemine au-dessus du plan musculaire au niveau du front. Donc les injections de la glabelle et du front, au niveau de la zone para-médiane sont dangereuses.
  • Le sillon naso-génien : L’artère faciale se divise en plusieurs branches superficielles. Le risque de léser la branche principale de l’artère faciale est majeur.
  • Le nez : Les artères du nez sont au niveau de SMAS, le réseau anastomotique est très dense. Une injection au-dessus du SMAS avec un produit dense, va créer un syndrome des loges responsable de nécrose : la pression extravasculaire est plus forte que la pression intravasculaire. Les injections du nez doivent être sous-SMAS avec un produit adapté.
  • La vallée des larmes : Le pédicule infra-orbitaire se situe à 11 mm sous le rebord orbitaire osseux inférieur. Par rapport à la ligne pupillaire, il est en dedans. Le foramen est facilement palpable.
  • Le cerne : La peau est fine avec peu de tissu sous-cutané. L’effet tyndall est à éviter en injectant un produit dédié à la région en pré-périosté.
  • Les lèvres : La projection des artères coronales supérieure et inférieure est sous musculaire, au niveau de la jonction lèvre sèche- lèvre humide de la lèvre rouge. L’injection doit donc être sous-muqueuse avec un produit dédié à la région, quel que soit la technique d’injection.

L’anatomie fonctionnelle : adapter les techniques d’injection à la dynamique du visage

L’anatomie fonctionnelle guide l’injection pour préserver l’équilibre du visage. Elle comprend l’anatomie dynamique du visage, essentielle pour obtenir, des injections, un résultat naturel et respecter les expressions du visage. Elle prend en compte les mouvements des muscles peauciers du visage, leurs interactions avec la peau et les tissus sous-jacents. Il est donc important de connaitre chaque muscle peaucier du visage, leur trajet, leur fonction. L’action des muscles agonistes et antagonistes (frontalis vs procerus, grand zygomatique vs depressor anguli oris…).

Application clinique : protocole sécurisé pour optimiser les résultats et éviter les complications

A) Stratégies pour réduire les risques vasculaires

La cartographie des zones à risque est essentielle (échographie). L’utilisation de canules afin de minimiser la pénétration artérielle est indispensable. Évidemment, un passage au laboratoire d’anatomie est primordial avant tout pratique de médecine esthétique.

B) Gestion des complications : reconnaître et traiter une injection accidentelle

  • Signes précoces d’injection intra-artérielle (blanchiment, douleur).
  • Protocole d’urgence en cas de nécrose ou d’embolisation vasculaire (hyaluronidase).
  • Importance du suivi post-injection et des retouches adaptées.

En conclusion, une bonne maîtrise de l'anatomie est cruciale pour garantir la sécurité des injections, en permettant de prévenir les complications et d'assurer une injection efficace et sans danger.

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